Ce 11 novembre à Chaumont sur Loire a été célébré grâce à plusieurs initiatives de Chaumont au fil du temps.
La vie d’un Poilu vue par son fils. Olivier Pillet.
Le monument aux morts à Chaumont a 100 ans. Catherine Loriot.
*Dans ce cadre de passation de mémoire, avec Olivier Pillet, j’étais mardi dernier avec les CM1 et CM2 de l’école de Chaumont. Monsieur Neri avait accepté qu’Olivier raconte la vie de Poilu, de son père et ensuite nous nous sommes rendus au monument aux morts dans le cimetière. Histoire du monument et particularités du carré militaire de Chaumont.
*Le 11 novembre, Olivier a égréné le nom des morts pour la France en partenariat avec la mairie pour cette organisation ponctuelle.
*Aujourd’hui nous continuons avec vous...
Il n’y a plus personne pour parler de la guerre 14-18 en tant que participants, tous les Poilus sont morts.
Olivier a reçu le témoignage directement de son père, Adrien Pillet.
Les filles et fils de Poilus doivent se faire rares. D’où l’aubaine qui s’offre à nous !
Mon père ne parlait pas trop de la guerre car c’était une période de souffrances. On n’a pas retrouvé son livret militaire, égaré lors de campagnes. Mon père n’a jamais été scolarisé, c’était un autodidacte complet. Il a appris à lire et compter à l’armée. Il est né en 1892 à Semur en Auxois dans une famille pauvre d’ouvriers agricoles. Dès son plus jeune âge, il se louait dans les fermes. Le Morvan est une région très pauvre. Dès 5 ans, on l’installait le matin dans un pré pour garder les animaux, on venait le chercher à midi pour le déjeuner et il repartait pour l’après-midi. A 8 ans, il travaille dans une mine de charbon à pousser les wagonnets. Cela sert à alimenter une usine électrique toute récente pour l’époque. Mon père y trouvera le goût pour l’électricité et la mécanique.
Il y avait une possibilité pour les enfants pauvres de sortir de leur condition en s’engageant dans l’armée. Il a une proposition d’enrôlement pour l’Artillerie coloniale pour 5 ans. En 1912, il part à Saïgon.
Dès 1914, à la déclaration de guerre, il lui faut 2 mois pour revenir en bateau de l’Indochine, pour défendre la Patrie. En décembre 1914, il est au 3ème Régiment d’Artillerie Coloniale (RAC à après le C voudra dire campagne...). Il s’occupe des canons, de diverses batteries et des animaux. Les chevaux transportent les canons et un régiment d’artillerie compte 1500 chevaux. Sur les lieux des combats, il faut construire des écuries, faire un travail de bucheronnage pour des plates-formes afin d’éviter le recul des canons. Il va gagner des chevrons d’homme de troupe. En 1917, il est dans un Régiment d’Artillerie Lourde à Grande Puissance. Il a des canons de 75. 75 est le diamètre de l’obus qui pénètre dans le canon. Plus tard, il a des canons de 105, 120 et 155. Les plus puissants sont ceux de 320 !
En 1915, l’armée allemande utilise les obus avec gaz asphyxiants. Les fantassins sont plus touchés que les artilleurs par les combats.
Son frère est décédé en 1915. Tué à 19 ans. Il va de soi que je n’ai pas connu mon oncle...
Il n’y a pas que les gaz qui faisaient de gros dégâts mais aussi la gestion de 2 généraux qui avaient des initiatives hasardeuses. Comme au Chemin des Dames.... Mon père en a beaucoup voulu à ces 2 généraux.
Olivier ne les cite pas. Dans la salle, on murmure Nivelle et Mangin...
Le général Pétain va redresser la situation et arrêter ce massacre, ce carnage.
En 1917, mon père a failli être passé par les armes. Dans le régiment, on « décimait », c’est-à-dire qu’un soldat sur 10 était fusillé pour l’exemple afin d’éviter les mutineries. Mon père a menacé un officier avec une machette s’il touchait à un de ses hommes. On avait besoin d’artilleurs et surtout de pointeur comme l’était mon père. Personne n’a été fusillé dans sa batterie. L’histoire s’est arrangée... Une des rares choses qu’il racontait...
J’en passe...Il va être démobilisé en août 1919 au niveau de Vichy. A charge pour eux de rentrer chez eux par leurs propres moyens. Il disait qu’ILS auraient pu leur payer le voyage de retour.
Il a le grade de maréchal des logis. Il a la croix de guerre.
Il est désespéré quand 20 ans plus tard, on remet ça !
On remercie chaleureusement Olivier de nous avoir conté la vie d’un soldat comme les autres...
On va passer à la 2ème partie de la rencontre en racontant les 100 ans du monument aux morts de Chaumont et en présentant dans le Power Point quelques monuments emblématiques en France...
Après la signature de l’Armistice à Rethondes (Oise) le 11 novembre 1918, la France entame une longue période de deuil : 1,4 million de soldats sont morts ou disparus, 3,6 millions sont blessés, plus de 500 000 ont été faits prisonniers. Les corps des soldats sont rassemblés et inhumés dans des cimetières militaires et des nécropoles nationales, comme Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais) ou Douaumont (Meuse). Les ossuaires regroupent les corps non identifiés. Toutes les communes élèvent des monuments aux Morts. Un monument aux morts est un monument érigé pour commémorer et honorer les soldats, et plus généralement les personnes tuées ou disparues par faits de guerre.
Il en existe de plusieurs types :
*les cénotaphes (monuments mortuaires n’abritant aucun corps), généralement dans le centre d'une ville ou d'un village, mais qui ont aussi été, après la Première Guerre mondiale, élevés dans les entreprises, les écoles, les foyers fréquentés par les disparus de leur vivant ;
*les mémoriaux, monuments nationaux élevés sur les champs de bataille où les cimetières militaires abritent les tombes de soldats, parfois de centaines de milliers d'entre eux.
Le premier exemple français de monument portant les noms de combattants morts est le cas de la porte Désilles à Nancy, édifiée entre 1782 et 1784 pour commémorer l'indépendance des États-Unis et qui rend également hommage aux Nancéiens morts durant la bataille de Yorktown.
Des monuments sont également érigés pour commémorer les soldats morts lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et des guerres coloniales. Par leur nombre, leur présence sur tout le territoire, le cérémonial lié à leur inauguration, les célébrations patriotiques et scolaires qui ont lieu à leurs abords ainsi que la propagande républicaine et revancharde les entourant, ces monuments constituent la matrice de ceux qui suivront la Première Guerre mondiale.
Dans les registres municipaux de Chaumont :
En août 1919, Echanges avec la princesse de Broglie et la commune de parcelles concernant le cimetière et le monument commémoratif.
20 mars 1921, « une subvention de l’Etat sollicitée pour l’érection d’un monument aux soldats morts pour la France et originaires de Chaumont sur Loire. »
26 juin 1921, nomination du Comité pour le Monument.
12 février 1922, plans et devis pour le Monument.
16 avril 1922, modification des plans.
Février 1923 : pièce nécessaire à l’apurement des dépenses pour le Monument.
Je n’ai pas trouvé le coût de ce monument...
Le monument aux morts de Chaumont sur Loire se trouve dans le cimetière, dans la partie sud à l’opposé et en face de la chapelle où repose la famille de Broglie.
Il a été construit en 1922 par Léon Guilbert, entrepreneur de maçonnerie à Chaumont-sur-Loire.
Le monument aux morts de Chaumont sur Loire
Ce monument de pierre de Pontlevoy, en forme d’obélisque, est au centre d’un espace carré, « carré militaire » dans lequel se trouvent les 16 tombes des soldats morts pour la France. Le monument lui-même n’est pas une tombe.
Les noms des 47 morts de la guerre 1914-1918 sont inscrits sur les 3 côtés de la stèle par ordre de connaissance de la date de leur mort.
Dans certaines communes, ces soldats morts après la guerre n’ont pas été inscrits sur les monuments car on a juste considéré leur maladie, leur fragilité et non la conséquence de leur mort due au conflit.
Pour se trouver sur le monument aux morts, il faut un lien avec Chaumont. Tous ces soldats n’y sont pas nés, tous n’y vivaient pas mais pour la plupart lors du recrutement, ils vivaient à Chaumont ou surtout leurs parents étaient à Chaumont. Ceux qui n’étaient pas mariés pouvaient travailler ailleurs mais la référence était Chaumont par leurs parents.
47 noms de soldats morts sur le monument !
Mais combien sont partis de Chaumont pour participer à cette guerre et en sont revenus à jamais meurtris, différents, cassés psychologiquement sans blessures mortelles ?
Malheureusement, la Der des Der, a été suivie d’autres conflits.
Sur la face est, on a ajouté les 7 morts de la guerre 1939-1945 ainsi que 2 morts en Indochine et un mort en Algérie. Cela fait 57 hommes de Chaumont qui ont donné leur vie pour la France.
Pour le symbole et la mémoire de tous les disparus, oubliés... Le soldat inconnu !
35 000 monuments aux morts
La guerre 14-18 a été un véritable traumatisme. En 1918, la France est littéralement en deuil, 1,4 millions de vies ont été fauchées. Aucune région n’a été épargnée. Seules 12 communes françaises sur 36 000 ne déplorent pas de victimes de la Grande Guerre. Et pour la première fois, on éprouve le besoin de "nommer" les soldats tombés au champ d’honneur. Les anciens combattants représentent 90 % des hommes adultes et attendent du gouvernement qu’il reconnaisse ce terrible sacrifice.
Par la loi du 25 octobre 1919, l’Etat propose donc à toutes les municipalités désireuses de se doter d’un monument aux morts, des subventions d’Etat établies en fonction du nombre de morts dans la commune et de ses ressources.
De 1918 à 1925, 35 000 monuments sont ainsi érigés. Entre 1919 et 1922, on comptera en moyenne trois inaugurations par jour !
Les monuments sont de plusieurs sortes : Le monument et la boue, les obélisques, les poilus, les femmes et les familles, l’hommage du monde du travail, l’histoire et la mémoire, les monuments anti Allemands, les monuments à la paix, les monuments aux morts et leur avenir dans la ville de demain...
Les inscriptions
Les inscriptions gravées sur les monuments peuvent revêtir un caractère patriotique (Si vis pacem, para bellum « Si tu veux la paix, prépare la guerre », Invictis victi victuri « À ceux qui n’ont pas été vaincus, les vaincus, mais qui vaincront »), civique (La commune de… à ses enfants morts pour la France/la Patrie) ou pacifiste comme « L'union des travailleurs fera la paix du monde » : citation d'Anatole France sur le monument de Mazaugues, « Maudite soit la guerre et ses auteurs », « Guerre à la guerre — Fraternité entre les peuples », « La guerre à la guerre », « Fraternité humaine », « Contre la guerre. À ses victimes. À la fraternité des peuples. Que l'avenir console la douleur. » : Inscription gravée sur le monument de Dardilly, « La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne massacrent pas entre eux » : citation de Paul Valéry sur le monument de Saint-Appolinaire ou Nie wieder Krieg (« Plus jamais la guerre »)...
Dans les régions françaises qui ont subi les combats, les monuments insistent plus sur les malheurs de la guerre (ruines, deuil, orphelins), en une sorte de réquisitoire contre les crimes allemands. En Alsace-Moselle l'inscription « morts pour la France » qui suit la liste des noms est remplacée par des formules plus « neutres » (« La commune de… à ses enfants », ou « Morts pour la Patrie »). En effet les monuments regroupent sur une même stèle les noms des militaires originaires du village quel qu'ait été leur uniforme. Lors de la Première Guerre mondiale, l'Alsace-Moselle étant allemande, les morts militaires l'étaient souvent sous uniforme allemand. Ces villages sont souvent plus que d'autres frappés par l'absurdité de la guerre, ayant vu leurs enfants s'entretuer sous des uniformes différents.
Ce livre retrace l'exposition au Panthéon sur les monuments aux morts de la France au moment du Centenaire.
Le Power Point présente des monuments aux morts classiques du département.
Puis quelques autres en France, tous trouvés sur le net.
Nous avons fait notre travail de passeur de mémoire...