Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 22:50

 

Le tableau de la Sainte Famille dans l’église de Chaumont-sur-Loire provient d’un don de l’état sous Napoléon III. Francis Pons nous guide pour l’étude de cette oeuvre…

 

 Expose-sur-le-tableau-la-Sainte-Famille.jpg

 

Francis Pons analyse le  tableau de la Sainte Famille. Photo C. Loriot


Il situe le contexte dans lequel le tableau a dû être exécuté : Le culte de la Vierge, réaffirmé par l’Eglise catholique après le Concile de Trente,  la peinture espagnole des 16ème et 17ème  siècles « influencée » par les peintres italiens comme Léonard de Vinci…

 

Une lettre du 3 juillet 1852 du ministre de l’Intérieur va nous renseigner. « C’est à l’église de Chaumont-sur-Loire que j’applique le don d’un tableau de Mme Jeanron représentant la Sainte Famille… ». Arch. Dép. de L et C : Recherche J. Girard

 Le tableau a donc été peint au milieu du 19èmes.  Mme Jeanron est connue mais n’a pas laissé son nom à la postérité. Le tableau n’est pas signé semble-t-il…


L’observation est subjective et l’image peut avoir plusieurs sens… Francis nous livre des remarques qu’il peut faire d’après ses connaissances sur l’art, la religion et les lectures de textes religieux.

 Cette huile sur toile de facture sombre mesure 0, 98 m x 1, 35m. Elle n’est pas en clair-obscur mais relève plutôt du ténébrisme. Le contraste met en valeur la Sainte Famille qui semble émerger de l’ombre et la sacralise comme une apparition.

 Le cadre est peint en noir avec du doré pour les motifs végétaux.


Tableau-de-la--Sainte-Famille-a-l-eglise-de-Chaumnt-sur-L.jpg

    Tableau de la Sainte Famille dans l'église de Chaumont-sur-Loire. Photo C. Roques  


Les personnages s’inscrivent sur un fond de draperies sombres et la lumière qui les éclaire est tamisée. Seule la robe rouge de la Vierge fait une trouée lumineuse qui se propage sur les corps nus des enfants. On devine un intérieur modeste. Les personnages sont proches physiquement mais ils ne se regardent pas. C’est une Sainte Famille et non une famille ordinaire. Pas de dialogue des regards, de dialogue affectif.

 Il y a cinq personnages : la Vierge Marie, l’enfant Jésus, St Jean-Baptiste, l’Agneau, Joseph. 


La Vierge Marie est avec son Fils, le personnage central de l’œuvre. Elle est représentée dans toute sa majesté mais sans effet ostentatoire. Le vêtement rouge-bleu-liserés or est typique à toutes les Vierges des 16ème et 17ème  s. Ces deux couleurs sont réservées à des personnages de rang social ou spirituel supérieur voire divin. Le bleu c’est le ciel, le céleste donc le divin. Le rouge c’est la puissance, l’esprit supérieur, le feu, la mystique. L’or c’est le feu, le soleil, la vie, le Bien. La symbolique des couleurs est héritée du Moyen Age.

Marie est assise inconfortablement sur les marches d’un escalier ce qui est inhabituel. Faut-il y voir un rapprochement avec les femmes du peuple ? Le visage de Marie est pâle à la peau porcelainée. Son regard est mélancolique. 

 

L’enfant Jésus est le personnage le plus important car il est au centre de gravité de la toile, indifférent à ce qui l’entoure, il ne s’intéresse qu’au livre saint tendu par Jean-Baptiste. 

 

Jean-Baptiste a une posture contorsionnée. Cela donne un effet de dynamisme, de mouvement dans ce tableau aux personnages figés. Il tend une croix entourée d’un phylactère blanc dans un geste hautement symbolique. Il joue un rôle clé, prophète, à cheval sur l’Ancien et le Nouveau Testament. 

 

Joseph ne figure pas sur une ligne principale du tableau mais sur une secondaire. Il est à peine montré, resté dans l’ombre. Il se penche affectueusement sur l’enfant Jésus, sans le toucher.

 

L’Agneau divin semble tranquille. Il somnole. 

 

Les nombreux emprunts et références à Murillo, les quelques maladresses dans l’exécution, la tonalité générale du tableau confortent l’idée d’une oeuvre personnelle de Mme Désirée Jeanron, sans qu’on puisse l’affirmer totalement.

 Il s’agit d’une présentation originale de la Sainte Famille conforme au culte marial, dans un intérieur modeste où le sacré et le quotidien se côtoient dans une atmosphère de quiétude divine.  

Partager cet article
Repost0

commentaires