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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 22:18
Le public écoute le géologue...

Le public écoute le géologue...

En ce mois de janvier 2018, année du centenaire de la fin de la Grande Guerre, Franck Hanot nous présente son livre :

« L’idée de ce livre me trottait dans la tête depuis un bon moment » dit Franck. « Mes grands-parents me parlaient de la Guerre. Ils en étaient imprégnés. Arras était devenue ville anglaise. Par passion, je peux exercer mon activité professionnelle sur la géologie. J’avais remarqué qu’il existe une relation entre la géologie, la topographie et la nature des roches. Il fallait en faire quelque chose. Ca a pris 2 ans. J’ai eu de la chance avec Frédéric Simien du BRGM, un curieux de recherche et d’histoire…Voilà. »

 

A l’aide d’un diaporama, Franck nous fait d’abord un rappel sur les dates clés de la Guerre, de sa déclaration à l’armistice.  Des dates importantes des offensives, des combats meurtriers, des noms de lieu qu’on n’oublie plus : la bataille de l’Artois, Verdun, le chemin des Dames…Les Alliés, Anglais, Canadiens, Néo-Zélandais, tous volontaires. L’entrée en guerre des Américains, les assauts décisifs…

 

A l’aide de cartes sectorielles du front, les zones d’étude, sont détaillées :

Artois-Flandres

Somme-Aisne

Marne-Champagne

Meuse-Argonne

Lorraine

Vosges-Alsace.

Du texte, des photos d’époque ou de maintenant pour faire la comparaison du paysage…

Du texte, des photos d’époque ou de maintenant pour faire la comparaison du paysage…

Pourquoi relier géologie et Grande Guerre ?

 

Par stratégie, on cherche à prendre les points hauts et les tenir. Un point haut possède une roche plus dure qui ne s’est pas érodée.

Avec la guerre des mines, on cherche à attaquer par en-dessus. Il faut pouvoir creuser en sécurité. Il faut des quantités d’explosifs et pouvoir les installer. Ce sont les Anglais qui ont des services de géologues.

Il faut de l’eau pour les troupes, les chevaux et ânes, pour faire les travaux de terrassement. De l’eau non polluée, car très vite en surface, ce sont les corps des gars tués qui polluent les eaux. Il faut donc faire des forages. Pour la logistique, quand on fait une voie ferrée, il faut « du plat »car c’est plus compliqué avec le relief et il faut aller vite. Il  faut des roches dures pour faire du béton. Avec cette guerre industrielle, on a multiplié par 10 la consommation d’obus. Pour les fabriquer, il faut du fer, du charbon, de l’aluminium. Les bassins miniers du nord de la France sont occupés par les Allemands, l’Alsace-Lorraine aussi. Il faut des ressources chez nous, dans le sud ou on les importe…

 

Les lignes de front vont de la frontière belge à la Suisse.

Il y a toutes sortes de terrains. L’hydrogéologie est influente sur les combats.

 

Chaque zone d’étude est détaillée avec des cartes, des photos d’époques, des commentaires sur la vie des hommes.

Comme ces tunneliers venus de Nouvelle-Zélande qui ont utilisé les carrières existantes et creusé des abris sous Arras et donné les noms des villes de leur île pour se repérer sous cette ville bombardée, détruite en partie, à des milliers de km de chez eux ! 20 000 hommes pouvaient y être cantonnés…

 

Toutes les zones du front sont ainsi déclinées.

On apprend aussi que la guerre peut être un moment où la recherche fait des progrès comme la mesure des ondes sismiques mise au point par échographie. On pouvait calculer le temps de propagation des ondes et en déduire où étaient les tirs d’obus.

 

Plusieurs villages ont disparu en Champagne. C’est encore une zone rouge car elle est trop contaminée par les tonnes d’obus qui y stagnent…

On se rend compte que les pays étrangers venus nous secourir, ont plus de respect pour l’hommage à leurs morts, tombés au combat, à l’entretien de leurs tombes que celui réservé à nos propres poilus.

 

Les Eparges, la Voie Sacrée, Genevoix, Alain Fournier, Vauquois, Gièvres pour le camp américain, Vimy, Notre Dame de Lorette, le Mort Homme, Douaumont, la Somme, Verdun et bien d’autres…

Tout cela tourne dans nos têtes aux évocations des combats, de la réalité du terrain, de la cartographie qu’on a sous les yeux.

Tous ces sacrifices, ces millions de morts, de blessés, d’infirmes, de part et d’autre, pour la reprise d’une ligne où pendant 4 ans cela n’a guère bougé. Prisonniers de la terre ! Des tranchées, de la boue…

 

Des plans, des blocs diagramme pour visualiser la géologie, la ligne de front et les combats…

Des plans, des blocs diagramme pour visualiser la géologie, la ligne de front et les combats…

Pour clore son exposé, Franck nous raconte que les Anglais comme tous ceux du Commonwealth ne sont pas rapatriés dans leur pays d’origine. Ils sont enterrés sur les lieux où ils sont tombés.

Dans les cimetières anglais, les pierres tombales viennent toutes de Portland, pour tous les soldats.

Ils ont rouvert des carrières pour entretenir les tombes.

Jusqu’à la mémoire, on retrace dans la pierre !

 

Beaucoup d’émotions, de découvertes, de réflexions. On a approché un sujet méconnu : faire le lien entre une guerre et une activité humaine : la géologie.

Monument des Alsaciens-Lorrains à Compiègne (Oise). Le glaive gaulois transperce l’aigle germanique…Cimetière anglais à Tilloy-les-Mofflaines

Monument des Alsaciens-Lorrains à Compiègne (Oise). Le glaive gaulois transperce l’aigle germanique…Cimetière anglais à Tilloy-les-Mofflaines

Les documents sont extraits du livre

 « Sous les lignes de front » . Regards géologiques sur la Grande Guerre. Franck Hanot.
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