Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 mai 2022 1 09 /05 /mai /2022 17:18

Pour faire une transition avec notre réunion de travail de décembre dernier, j’ai choisi, pour commencer de vous parler d’expressions ayant un lien avec un élément de terrain comme un chemin, une montagne, un torrent… D’autres avec des éléments du paysage bâti ou non : église, arbre, moulin …

Chemin discourant, j’évoquerai d’autres expressions qu’on utilise mais qui ont un certain mystère

D’après la carte de M la Mine … Dessinateur

D’après la carte de M la Mine … Dessinateur

Trouver son chemin de Damas est une expression tirée de la tradition chrétienne qui signifie : « Trouver sa voie » c'est-à-dire renoncer à ses anciennes idées et en adopter de nouvelles que l'on va défendre passionnément. D'après les Actes des Apôtres, récits chrétiens de la vie de saint Paul, Saul, un juif rigoriste. Il est d'abord un persécuteur des premiers chrétiens. Il a reçu la mission d'aller chercher des prisonniers chrétiens  à Damas. Sur la route, une lumière resplendit et Saul tombe par terre et perd la vue. Il entend : «Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il dit: qui es-tu seigneur ? Je suis Jésus tu m'as persécuté, relève toi et rends-toi à Damas. Arrivé à Damas, Saul « perd les écailles qu'il avait sur les yeux », c'est-à-dire qu'il s'est converti au christianisme sous le nom de Paul (les catholiques le nomment saint Paul).

 

Montagne qui accouche d’une souris  Cette expression date du XVIIe siècle, elle fut rendue célèbre par une fable de Jean de la Fontaine. Cette métaphore compare la taille d'une montagne à un projet ambitieux dont on attend beaucoup et pour lequel on obtient une souris, c'est-à-dire quelque chose d'insignifiant.

 

Garder l’église au milieu du village ou remettre l’église au milieu du village

Étymologiquement l'expression "garder l'église au milieu du village", ou la variante "remettre l'église au milieu du village", est assez facile à deviner. Autrefois, les villages étaient construits autour de l'église. Mais sa signification, elle, est plus complexe.  Cette expression, peut-être d’origine alsacienne, est métaphorique. Elle emploie l’image de la localisation centrale de l’église. En effet, au Moyen-Âge, la place du village se confondait avec la place de l’église, qui était le lieu de rassemblement des habitants. Autour d’elle se développait le village, les rues, les maisons.  Ainsi, « garder l’église au centre du village » signifie garder les idées claires, préserver la tradition. Remettre l’église au centre du village, c’est rétablir l’ordre, la vérité, contrer le chaos. L’expression peut s’employer dans divers domaines.  Il a marqué un but et égalisé le score. Il a remis l’église au milieu du village.

Les expressions mettre les points sur les i ou remettre les pendules à l’heure sont assez synonymes de remettre l’église au centre du village.

 

Théâtre des opérations

Un théâtre d'opération ou encore « théâtre des opérations » est, en stratégie militaire, une zone géographique délimitée où se déroule un conflit armé impliquant au moins deux adversaires. Le terme n'est pas utilisé pour une guerre qui a lieu dans une seule région du globe.

Zone où se déroule un conflit militaire ou une opération d'envergure.

 

Vallée de larmes

Vie sur la terre au figuré. En termes de dévotion, la vallée de larmes, la vallée de misère, la vie présente par opposition au bonheur de la vie future. ...

« Ce qui fait et fera toujours de ce monde une vallée de larmes, c'est l'insatiable cupidité et l'indomptable orgueil des hommes ». Voltaire, Lettres à Rousseau.

 

Un pavé dans la mare

Qualifie tout ce qui apporte la surprise et le trouble dans une situation tranquille. Origine : Expression française simple quant à son interprétation mais plus complexe quant à ses origines puisque sa date d’apparition n’est guère précisée mais qui semble venir d’une fable de La fontaine  faisant allusion aux grenouilles qui demandent un roi. La métaphore utilisée pour exprimer le trouble est facilement explicable puisque le fait de jeter le pavé dans une mare jusqu’alors calme et limpide va la transformer en un marécage boueux dans laquelle il serait impossible de discerner quoi que ce soit.

 

Arbre qui cache la forêt

Cette expression date du XXe siècle. Il s'agit d'une métaphore pour désigner une personne qui se fixerait sur un détail au lieu de voir quelque chose dans son ensemble comme quelqu'un qui ne verrait qu'un arbre et non pas la forêt. Cela traduit un manque d'objectivité.

 

L’hôpital qui se moque de la Charité

Ici, le mot "hôpital" désigne un établissement médical depuis le XVIIe siècle. Cet établissement était géré par un donneur d'ordres, qui se nommait "charité". L'hôpital, n'ayant rien à envier à la charité, n'a donc aucune raison valable de s'en moquer. C'est là qu'est le côté amusant de la locution, une certaine ironie. Ceci qualifie donc une personne qui se moque de quelqu'un qui a le même défaut qu'elle.

 

Faire un pont d’or

Au XVIe siècle, faire des ponts d'or à quelqu'un signifiait offrir une retraite à un ennemi battu, pour ne pas susciter de réaction de désespoir. En d'autres termes, il s'agissait de lui offrir une porte de sortie pour éviter un drame.

Aujourd'hui, l'expression s'est chargée d'un autre sens, figuré toujours et au singulier, celui de faire une offre très intéressante (lucrative), d'offrir une bonne place... à une personne, pour la mettre dans sa poche.

 

Le droit chemin

Cette expression tire sa signification du verbe "redresser", qui signifie au sens premier "rendre droit quelque chose de nouveau", et qui est pris ici dans son sens figuré de "remettre dans le droit chemin, dans la bonne voie".

Mener une vie honnête ; revenir à une vie honnête ; discipliner, ramener à une vie honnête ; soumettre à l'ordre établi ; exercer une violence pour contraindre à la soumission.

 

Il n’y a pas le feu au lac !

On n'est pas pressés ; il n'y a aucune urgence ; ça peut attendre.

L'expression d'origine, qui date du XXe siècle, est tout simplement "il n'y a pas le feu" ou, en raccourci, "y'a pas l'feu". Son message est très clair : s'il n'y a pas le feu, il n'y a aucune raison de se presser (sous-entendu : pour aller l'éteindre). Si quelques facétieux ont jugé utile de rajouter "au lac", c'est par moquerie de la proverbiale lenteur de nos amis Suisses qui sont supposés avoir du mal à se dépêcher : "y'a l'feu ou bien ? Bon alors si y'a pas l'feu, on n'a vraiment pas besoin de s'presser".
Pourquoi "au lac" ? Eh bien simplement parce que le Léman est un des symboles de la Suisse et que l'ajout de l'absurdité d'un lac qui prendrait feu ne fait que rajouter un cran dans la moquerie.
 

Pré carré

Le pré carré est une double ligne de villes fortifiées qui protège les nouvelles frontières du Royaume de France contre les Pays-Bas espagnols. Le pré carré a été conçu par Vauban dans la seconde moitié du XVIIᵉ siècle après la conquête du Nord de l’actuelle France. Protéger son territoire.

C'est en 1673, que cette expression est née par une lettre de Vauban adressée à Louvois.

"Défendre son pré carré" désigne actuellement un lieu à protéger.

 

Gouffre sans fond

Un gouffre a toujours un fond. Dire qu'il est sans fond illustre une situation sans issue, sans terme.

(Figuré) (Péjoratif) Projet qui engloutit des sommes d'argent colossales en permanence sans tenir ses promesses.

 

Mine de rien

"Mine de rien" est une expression qui semble être née vers la fin du XVIIe siècle. La "mine" est en fait l'air, l'apparence. L'expression signifie "comme si de rien n'était, sans en avoir l'air".

 

Se faire une place au soleil

Cette expression signifie obtenir une position sociale enviable. Exemple : Il a beaucoup galéré lorsqu'il était enfant, mais grâce à sa persévérance, il s'est fait une place au soleil.

Situation agréable, se faire une situation enviable ; obtenir une reconnaissance officielle dans une situation de concurrence, réussir socialement.

 

En eaux troubles

Profiter d'une situation confuse, en tirer avantage, faire des profits peu honorables. Origine : Expression française dont les origines remontent au milieu du XVème siècle qui serait parait-il empruntée à une locution grecque. L’idée prédominante est celle de l’incertitude et de la chance car contrairement à la chasse,  la pêche est un domaine plus qu’incertain. L’adjectif trouble va être utilisé à double sens : il va désigner un milieu qui n’est pas transparent donc qui cache des mystères et qui est dangereux  en plus de tout ce qui a trait à la suspicion.

Exemple d'utilisation : Il y a des gens qui se réjouissent des malheurs publics dans l'espoir de pêcher en eau trouble.

 

Havre de paix

En langage maritime, un havre a deux sens :

Une crique ou une baie donnant sur la mer et constituant un mouillage sûr pour les bateaux de passage quelles que soient les conditions de mer et de vent.

Un port côtier naturel plus ou moins refermé présentant par tout temps un abri sûr pour les bateaux  amarrés ; le sens métaphorique d'abri est plus fréquent aujourd'hui (un havre de paix).

Du temps de la marine à voile, les principaux havres ont donné naissance à des ports de commerce, comme Le Havre de Grâce ou New Haven.

 

 Vague à l’âme

Le vague à l'âme désigne un mal-être, un mal de vivre ou une difficulté d'être sans cause bien définie. Il s'agit également de la tristesse ou de la mélancolie dans laquelle se complaisaient les Romantiques.

 

Tour d’ivoire

Apparue pour la première fois dans le Cantique des Cantiques où le cou d'une femme était comparé à une "tour d'ivoire", l'expression, tel que nous la connaissons nous vient du XIXe avec le poète Charles-Augustin Sainte-Beuve.

Celui-ci l'emploie pour parler de Vigny : la tour est le lieu de calme et de sûreté où le poète peut tailler ses poèmes avec la même minutie que s'il s'agissait d'ivoire.

Lieu où se retire une personne souhaitant couper les ponts avec le monde extérieur.

 

 

LA BIOGRAPHIE de M. la MINE

M. la Mine né en Belgique en 1985, vit à Wépion. Une fois sa thèse achevée (2014), celui qu’on appelle « M. la Mine » décide de consacrer une bonne partie de son temps à son violon d’Ingres : le dessin d’humour et d’actu. Publiés sur son blog et les réseaux sociaux, ses cartoons et planches lui ménagent un public toujours plus nombreux et enthousiaste. Depuis 2016, il professionnalise petit à petit son activité de dessinateur, qu’il mène parallèlement à une carrière plus « académique ». Il réalise ainsi une série d’affiches et de couvertures de livres, collabore avec quelques journaux et magazines en Belgique. En 2018, il intègre la collection Pataquès des Éditions Delcourt, ce qui lui offre l’occasion de publier un premier recueil de ses planches à l’humour profondément marqué sa formation littéraire, la satire désabusée et un certain goût pour l’absurde.   Texte © Delcourt

D’autres expressions plus ou moins utilisées avec une origine jamais certaine …

Payer rubis sur l'ongle

Payer comptant ; payer exactement et avec rigueur.
Alors d'où peut bien venir cette expression ? Pour ce qui est de la date, cela vient du XVIIe siècle.
A cette époque, on disait "faire rubis sur l'ongle". Dans son "Dictionnaire comique" publié en 1718, Philibert-Joseph Le Roux indique qu'au cours des beuveries, lors d'une tournée dédiée à un absent estimé, il était coutumier de garder au fond du verre une toute petite goutte, de la verser sur l'ongle du pouce, puis de la lécher pour marquer l'attachement porté à la personne.
Et si le verre était rempli de vin rouge, une telle mini goutte pouvait passer pour un rubis.
A la même époque, c'est aussi devenu une métaphore pour dire "payer jusqu'au dernier sou".
Le 'rubis' liquide ayant été progressivement oublié, c'est le deuxième sens qui a d'abord été maintenu (le verbe payer ayant pris le dessus sur 'faire') avant qu'on n'associe plus l'expression qu'à un paiement comptant et intégral.

 

Filer un mauvais coton

Dépérir ; avoir la santé qui se dégrade ; faire de mauvaises affaires ; mener une vie déréglée ne menant à rien ; se dévergonder.

A la fin du XVIIe siècle, pour signifier "se ruiner", on disait "jeter un vilain coton" par allusion aux étoffes qui, en s'usant, perdaient des boules de fil de coton jusqu'à leur détérioration complète ou la déchirure.
Au XIXe siècle, alors que la même expression signifie déjà "dépérir par la maladie", 'vilain' est progressivement remplacé par 'mauvais' et l'installation de nombreuses filatures où on 'file' le coton, provoque le remplacement de 'jeter' pour aboutir à l'expression actuelle.

 

C'est kif-kif

C'est pareil ; c'est la même chose ; cela revient au même ; c'est équivalent ; kif-kif bourricot. Pour certains, le 'kif', c'est le hashich, cultivé en grande quantité au Maroc. Mais kif-kif, ce n'est pas une double dose de shit. Il s'agit d'une expression qui date de 1867 et qui a été empruntée à l'arabe maghrébin et ramenée en France par les soldats des armées d'Afrique du Nord.

C'est un dédoublement du mot arabe 'kif' qui signifie 'comme'.

On trouve des variantes intensives comme "kif-kif le même sac" ou, plus souvent, "kif-kif bourricot", cette dernière étant une adaptation libre, mais plaisante, d'une locution arabe "pareil à l'âne".
Notez que "kif-kif bourricot" peut aussi être remplacé par la locution "blanc bonnet et bonnet blanc".  

 

En faire tout un fromage

Faire toute une histoire pour pas grand-chose ; grossir à l'extrême une difficulté ; s'agiter pour des choses de petite importance. Cette expression date du XXe siècle.
En partant de pas grand-chose (du lait) on peut arriver à obtenir quelque chose de très élaboré, nécessitant un savoir-faire certain (le fromage) mais pas extraordinaire.


Prendre la poudre d'escampette

S'enfuir ; prendre ses jambes à son cou ; prendre la fuite ; se sauver à toutes jambes

C'est donc en allant vers le nord-nord-est qu'on découvre que l'escampette est un diminutif de 'escampe' qui, au XVIe siècle, désignait la fuite, mot lui-même issu du verbe du XIVe 'escamper' qui voulait dire 'fuir' (mais qui était considéré comme un mot vulgaire).
De nos jours, le mot 'escampette' n'est plus utilisé que dans cette locution qui date du XVIIe siècle.
Quant à la poudre, on ne sait pas vraiment s'il s'agit de celle qui, en explosant, provoque la fuite, ou plus probablement de la poussière du chemin que soulève le fuyard en courant.

 

 

 

Bonne lecture à vous. Vous pouvez chercher d'autres expressions plus ou moins pittoresques...

Partager cet article
Repost0

commentaires