Pendant le confinement qui nous fut imposé pour la sécurité de tous, l'Association "Chaumont au fil du temps" n'a pu faire de rencontres mensuelles.
Pendant ce temps, le silence, la solitude et les rares échanges alimentaires pesaient sur nous.
Plus de réunions entre amis pour prendre le thé ou l'apéro...
Plus de promenades sauf auto-autoriseés dans un petit périmètre...
Plus de visites en famille pour voir les proches, les nouveaux-nés ou les aïeuls...
Une pénurie d'échanges sauf virtuels et encore, pas pour tous...
Alors, on a pensé à échanger sur des sujets d'actualités:
Le 1er mai, le 8 mai, l'origine de la poignée de mains et l'origine du baiser.
Cela a gardé un lien entre les adhérents, un lien qui se voulait agréable, joyeux et léger tout en restant "culturel"dans cette ambiance morose.
Le 1er mai, cette année ne sera pas un jour de manifestation populaire dans la rue et ce, depuis bien longtemps…
L’hommage à rendre aux travailleurs chez nous, en France et dans beaucoup de pays du monde, se fera en confinement.
Que vous soyez églantine ou muguet, suivant votre sensibilité, je vous offre les deux !
Deux belles fleurs qui vont égayer votre journée de confinés pour quelque temps encore.
Un peu de douceur, de beauté que sait apporter la nature.
J’y ai joint une reproduction de Chagall… L’Artiste transcende la réalité et peut nous aider à garder le moral…
Peinture de Chagall...........Etes-vous églantine ou muguet ?
LE 8 MAI 2020
75 ANS de la CAPITULATION de l'ALLEMAGNE NAZIE
Vendredi, c’est le 8 mai.
Habituellement, certains d’entre nous vont défiler dans leur village pour commémorer la capitulation de l’Allemagne nazie. D’autres pensent aux personnes qui ont fait la guerre et leurs souvenirs remontent. D’autres profitent d’un jour férié pour le passer en famille ou en WE prolongé…
Cette année 2020, pas de rassemblement dans les villages. Peut-être juste dans les préfectures, où le Préfet déposera une gerbe aux monuments aux morts.
Je me suis dit que c’était le moment de se replonger dans l’histoire pour évoquer cette date décisive de la guerre 39-45.
D’où les 2 questions :
- Que s’est-il passé ce jour-là ?
- Pourquoi est-il férié maintenant ?
Quelques renseignements fournis par internet sur Wikipédia et des « Unes » de journaux de l’époque afin de réviser l’histoire …
L'amiral Dönitz, désigné par Hitler comme son successeur, ainsi que son état-major, ont compris que toute résistance est vaine. Dönitz consacre son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux Soviétiques, avant tout pour que les prisonniers allemands soient traités selon les conventions internationales, et non massacrés ou déportés en Sibérie. Aussi souhaite-t-il des capitulations partielles[ ]à l'ouest et la poursuite des combats à l'est afin de soustraire à l'emprise de l'Armée rouge autant de troupes que possible et de rapatrier le maximum de population[].
C'est dans cette intention que Dönitz envoie une première fois, à Reims, au PC avancé du SHAEF d'Eisenhower, l'amiral Hans-Georg von Friedeburg pour tenter de convaincre les Occidentaux de conclure une capitulation séparée. Le général américain l'éconduit, tout en prévenant Staline des tentatives allemandes. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Union soviétique se sont en effet mis d'accord sur une capitulation totale et inconditionnelle du gouvernement allemand et de l'OKW sur tous les fronts, n'acceptant des redditions ponctuelles que dans le cadre des engagements (unités déposant les armes et se constituant prisonnières) et non dans le cadre d'un traité. Dönitz réitère ses avances le 6 mai en désignant alors le général Jodl, son chef d'état-major, mais ce dernier essuie le même refus. L'intransigeance d'Eisenhower est en effet implacable depuis le 12 avril 1945, date à laquelle il découvre horrifié les charniers d'Ohrdruf, annexe du camp de concentration de Buchenwald qui vient d'être libéré[].
C'est donc le 7 mai 1945, à 2 h 41, que la reddition de l'armée allemande est signée à Reims dans une salle du Collège technique et moderne (actuel lycée Roosevelt) abritant le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force, par le maréchal allemand Alfred Jodl[], en présence des généraux américains Walter B. Smith et Eisenhower, du général français François Sevez et du général soviétique Sousloparov, les combats devant cesser le 8 mai à 23 h 1. L'acte signé est purement militaire. Ceci provoque la fureur de Staline qui veut que la capitulation de l'Allemagne soit signée dans sa capitale, à Berlin, où les soldats de l'Armée rouge règnent en maîtres[]. Les journalistes occidentaux répandent rapidement la nouvelle de la capitulation, précipitant ainsi les célébrations. Les combats continuent cependant sur le front de l'Est. L'exigence de Staline est honorée et une nouvelle signature a lieu le 8 mai, dans la nuit du 8 au 9 mai à 0 h 16 heure russe (23 h 16 heure de l'Ouest), dans une villa de Karlshorst, quartier général du maréchal Georgi Joukov dans la banlieue Est de Berlin (aujourd'hui le musée germano-russe Berlin-Karlshorst)
Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après que le maréchal Georgi Joukov eut ouvert la cérémonie, les représentants du Haut commandement allemand, dont le maréchal Wilhelm Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur à 23 h 1, heure locale[] (heure d'Europe centrale), soit le 9 mai à 1 h 1, heure de Moscou. C'est l'amiral Hans-Georg von Friedeburg et le maréchal Keitel qui signèrent l'acte de capitulation.
La reddition a donc lieu le 9 mai 1945 pour les Soviétiques et les pays est-européens alliés. De ce fait les Soviétiques, puis les Russes et leurs alliés est-européens, commémorent cette capitulation le 9 mai, sous le nom de Jour de la Victoire.
Il faudra cependant attendre la capitulation officielle du Japon le 2 septembre 1945 (« V-J Day », pour « Victory over Japan Day », annoncé le 15 août 1945), lorsque le ministre des Affaires étrangères Mamoru Shigemitsu signe les articles de la reddition des forces japonaises sur le pont de l'USS Missouri dans la baie de Tokyo, pour que la Seconde Guerre mondiale prenne fin.
Unes des journaux de l'époque...
La loi du 7 mai 1946 prévoit que la commémoration du 8 mai 1945 soit fixée au 8 mai de chaque année, si ce jour est un dimanche, ou le dimanche suivant. Dès cette année et plus nettement dans les années suivantes, c'est-à-dire jusqu'en 1951, la commémoration perd de son importance alors que les associations d'anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé. Ces associations organisent ainsi leur propre manifestation. L'adoption de la loi n° 53-225 du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 Mai est déclaré jour férié (mais non chômé) de commémoration en France. Cela n'empêche pas les cérémonies de revêtir un réel éclat de 1953 à 1958[].
Dans une logique de réconciliation avec l'Allemagne, le président Charles de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du 11 avril 1959 qui fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai[]. Puis le décret du 17 janvier 1968 décide que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.
En 1975, dans cette même logique afin de souligner la volonté des Européens d'organiser en commun leur avenir pacifique, le président Giscard d'Estaing supprime également la commémoration de la victoire alliée de 1945. Cette décision suscite un tollé général de la part des associations d'anciens combattants[].
C'est à la demande du président François Mitterrand que cette commémoration et ce jour férié seront rétablis, par la loi n° 81-893 du 2 octobre 1981 qui ajoute cette date à la liste des jours fériés désignés par le code du travail[].
JUIN 2020
En ces temps encore troublés de coronavirus, où la peur de l’autre est présente, où la convivialité a fait place à la suspicion de la contamination, légitime ou non, où l’indécision de nos politiques entretient ce climat « pathogène », je garde le lien avec vous, virtuellement encore pour quelque temps.
Alors pour vous intéresser, pour passer un moment avec vous, j’ai fait une recherche sur ces gestes qui nous sont, aujourd’hui, défendus : la poignée de main. Merci à internet !
La petite histoire de la poignée de main …
Une poignée de main est un geste de communication []effectué le plus souvent en guise de salutation mais qui peut également être une signification de remerciement ou d'accord.
Plusieurs indices archéologiques antiques (dessins sur poterie, bas-reliefs) prouvent que l'introduction du geste est bien antérieure au Christ ou au Moyen Âge[]. Beaucoup de ces poignées de mains sont droitières. Dans l’Antiquité grecque, on les trouve sur des stèles du Ve siècle avant J-C. Homère en faisait déjà mention dans L’Iliade.
Chez les Assyriens…La poignée de main est alors une manière de sceller une alliance, de montrer qu'on vient en paix ou de prêter allégeance.
Selon une légende érudite, on pratiquait ce geste pour montrer que l’on venait sans arme dans la main et vérifier que l'autre ne cachait pas un poignard dans sa manche.
Pendant des siècles, ce geste est réservé à la politique et à la diplomatie, ce n'est pas encore un geste de salutation populaire.
C'est au XIXe siècle, dans le monde rural que la poignée de main se démocratise vraiment. Les paysans prennent l'habitude de "toper" dans la main de l'autre après une transaction, durant les foires ou les marchés.
En héraldique
D'azur à la foi d'or, accompagnée en pointe
d'une coquille d'argent.
La foi est la représentation d'une poignée de main en héraldique. C’est le signe d’allégeance.
Quelle que soit son origine, la poignée de main est désormais ancrée dans notre culture et couramment utilisée lors de rencontres, pour exprimer une salutation, des félicitations, de la gratitude, la bienvenue, l’appartenance à un groupe ou pour conclure un accord.
En sport ou dans d’autres activités de compétition, la poignée de main est aussi considéré comme un geste de fairplay. La poignée de main porte désormais les valeurs de confiance, d’équilibre et d’égalité.
La poignée de main est généralement réservée aux personnes avec qui nous gardons une certaine distance. Cette affirmation peut cependant varier en fonction des circonstances et du but dans lequel la poignée de main est effectuée.
La poignée de main est donc une conduite culturelle – presque universelle – dans les relations interpersonnelles. On la retrouve dans différents pays du monde avec, parfois, quelques variations dans la manière de l’effectuer.
Dans tous les cas, on remarquera que la poignée de main trouve pour origine un désir d’absence de menace et donc de convivialité et de vivre ensemble.
Mais souvent aujourd’hui, la poignée de main est devenue un geste de politesse machinal. Nous l’effectuons à de multiples reprises dans la journée.
Avec la mondialisation et le commerce, la poignée de main s'est imposée dans les échanges. Mais cette forme de contact n'est pas évidente dans de nombreuses cultures.
Emmanuel Désveaux : "Je pense qu'il y a des civilisations du contact entre individus et des civilisations de la distance. Une civilisation de la distance, ce sont par exemple les Amérindiens du Nord ou du Sud, ce sont des gens qui prennent toujours leurs distances. Chez eux, la parole prime toujours sur le contact humain. Le serrage demain est en fait une formule intermédiaire, parce qu'on garde quand même une distance, on est à 80 cm, ou un 1 mètre de l'autre mais on a quand même un contact physique avec l'autre, même s'il est ponctuel et limité à une partie du corps."
Des usages différenciés dans le monde
Dans de nombreuses cultures asiatiques, les salutations se font sans aucun contact. Au Tibet, par exemple, le salut traditionnel se fait en tirant la langue, une manière de montrer qu'on n'est pas une réincarnation d'un roi maudit du IXe siècle, qui avait la langue noire selon la légende…
En Inde, le namasté ("je m'incline devant toi" en sanskrit) se fait les deux mains jointes au niveau de la poitrine. En Thaïlande, le wai se fait autant pour saluer que pour remercier. Plus les mains sont hautes, plus le respect témoigné est grand.
Au Japon, c'est "l'ojigi", une courbette qui varie selon le statut de l’interlocuteur.
Emmanuel Désveaux : « Il y a tout un degré d'inclinaison entre celui qui se penche le plus et celui qui se penche le moins. Avec soit une surenchère comme au Japon, pour être le plus poli possible, soit des systèmes, comme en Inde ou en Chine où les gens s'inclinent face à l'autre, tout en gardant conscience de leur position sociale les uns vis-à-vis des autres. La poignée de main, elle abolit tout ça. Elle crée une véritable fiction d'égalité entre les partenaires ».
Poignées de mains devenues célèbres...jusqu'à celle des ouvriers du tunnel sous la Manche!
Pour la petite histoire, Joseph Lazarow, maire d’Atlantic City, dans le New Jersey aux États-Unis, fut reconnu par le Guinness Book des records pour un coup médiatique de juillet 1977 lors duquel il serra plus de 11 000 mains en un seul jour. Le président américain Theodore Roosevelt détenait le record précédent avec 8513 poignées de mains lors d’une réception de la Maison Blanche le premier janvier 1907 !
Avec des billets de banque et des timbres...
FIN JUIN 2020
Le BAISER, l'EMBRASSADE, la BISE...
Le baiser est un facteur de transmission de certaines maladies.
Une mesure d’hygiène pour éviter la contagion est donc d’éviter les baisers. Lors d’épidémies, les baisers sont donc déconseillés et parfois interdits par les pouvoirs publics. Ce fut le cas en France sous Henri IV lors d’une épidémie de peste[].
C’est le cas en 2020, en ce moment, à cause du coronavirus…
Après le travail de recherche sur la poignée de main, voici un autre geste défendu dont j’ai cherché l’origine : le baiser, l’embrassade, la bise…Toujours avec internet…
Essai de définitions :
Le mot français « baiser » tire ses racines du latin basium, dont l'origine serait l’onomatopée qui correspondrait au bruit que font les lèvres donnant un baiser.
On distingue en particulier les baisers sur la joue (ou bises) – amicaux – des baisers amoureux, sur la bouche (ou sur diverses autres parties du corps). Cela dit, dans la majeure partie des États-Unis (entre autres), les parents ont pour habitude de donner des baisers sur la bouche à leurs jeunes enfants, en marque d'affection. Au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Suisse, un petit baiser sur la joue ou la bouche est appelé un bec ; en wallon, c'est un betch.
Dans la culture occidentale, c'est le plus souvent un signe d'affection. Entre gens qui partagent une relation proche, le baiser est donné comme un accueil ou un départ, s'embrassant l'un l'autre sur la joue (ou près d'elle dans l'air, pendant que les joues se touchent) ; on parle alors de « bises »
Attention, si à l'origine le verbe « baiser » signifie « embrasser, donner un baiser », il possède de nos jours une autre acception populaire, « posséder sexuellement », voire « abuser »[
]Baiser sur le front : Il est un signe de protection en général.
C'est également le baiser du parrain délivrant une condamnation à mort à celui qui le reçoit[].
Baisemain
Le baisemain est un geste de galanterie inventé à la fin du XIXe siècle[] pratiqué par les hommes pour présenter leurs hommages à une dame, en référence à l'amour courtois du Moyen Âge. L'homme se met à genoux et prend délicatement la main de la dame en près possible.
Dans la tradition arabe le baisemain est utilisé comme un signe de respect envers les plus âgés.
Cette pratique a tendance à tomber en désuétude, notamment en Occident.
Le Baisemain polonais, par Johann Joachim Kändler,( XVIIIe) Musée national de Varsovie.
Baiser sur les lèvres
Le baiser sur les lèvres peut s'effectuer entre amis proches. Ce geste est un signe d'affection amical. Contrairement au baiser amoureux, il n'a pas de connotation sexuelle. Le baiser sur les lèvres est une pratique que l'on peut trouver au temps des patriarches, c'est-à-dire avant le 1er millénaire[]. Dans la Grèce antique, le baiser sur la bouche sert à exprimer un concept d'égalité entre personne de même rang[]. Dans le début du Ier siècle, Paul de Tarse et Pierre, ont recommandé, dans leurs lettres qui composent la bible, le baiser de paix entre croyants et cette pratique s'est répandue dans le christianisme[]. Paul de Tarse finit ses lettres en disant aux fidèles : « Saluez- vous les uns les autres par un saint baiser».
Au Moyen Âge, on trouve des écrits de l'Église catholique qui atteste que cette recommandation était toujours actuelle[. ]Le baiser sur les lèvres était également fréquent entre chevaliers. Cela était signe de reconnaissance et de soutien mutuel[.] Au XXIe siècle, le geste est redevenu populaire auprès des jeunes, notamment en Angleterre, qui y voient un moyen légitime de démontrer de l'affection à un ami.
Le verbe baiser a longtemps conservé un sens proche du bas-latin bassiare qui signifie « embrasser, tenir dans ses bras contre soi ». Le marquis de Sade est à l'origine du glissement de sens du verbe baiser. Rajoutant ainsi une connotation beaucoup plus sexuelle, pour arriver au sens moderne d'acte sexuel, dans un registre de langue grossier.
Les Belges francophones ont par contre conservé le sens originel du verbe baiser et l'utilisent dans l'expression « se baiser » en voulant dire
dans le sens de « donner un ou plusieurs baisers ». Dans le cas des baisers s'embrasser.
Pour éviter l'ambiguïté, on emploie aujourd'hui le verbe embrasser sociaux sur les joues, on dit de plus en plus souvent « se faire la bise ». Le verbe embrasser est lui-même ambigu : dans son sens premier, il s'agit d'une étreinte car la majorité des baisers amoureux sont accompagnés d'une étreinte, prendre dans les bras.
Origines
*Le baiser labial et inter-buccal peut être une modification des activités alimentaires de nourrissage bouche à bouche des nouveau-nés et des petits enfants. Ce comportement se retrouve chez tous les grands singes mais aussi les insectes et est pratiqué, chez l'humain, dans des cultures très diverses. La littérature rapporte également que cette pratique était relativement courante, en Occident, dans certaines régions rurales.
*Il peut provenir aussi d'une modification du reniflement. Certains anthropologues pensent que la première salutation de ce type serait un échange nez à nez pour humer l'odeur de l'autre afin de le reconnaître ou vérifier son état de santé.[][] On retrouve peut-être un vestige de cette pratique dans le baiser olfactif des Lapons[].
*D'autres y voient un rite issu du détournement du toilettage entre individus, cette activité animale étant parfois intégrée dans la parade sexuelle, à l'instar du maquillage chez les humains.[]
*Alexandre Lacroix y voit plus une origine culturelle qu'animale car toutes les cultures n'ont pas adopté le baiser, notamment en Afrique où des tribus pensent que l'âme de l'individu peut s'échapper par le souffle ou d'autres qui portent le labret[]. Ainsi, certains ethnologues font dériver la pratique du baiser de l'inspiration mutuelle de l'haleine symbolisant l'union ou la fusion des âmes[].
*Au vu de la psychanalyse, le baiser est perçu comme un héritage du stade oral qui se tient au cours de l'enfance. La bouche fait figure d'organe sexuel. Le nourrisson tête pour se nourrir, et la succion liée à la satisfaction de ce besoin vital va alors induire du plaisir, par étayage. Le baiser est donc un moyen de revivre fantasmatiquement à l'âge adulte le plaisir de succion du sein maternel. Selon le psychanalyste Adam Phillips, le baiser, en faisant revivre des séquences très anciennes de son passé affectif, définit chaque personne qui a sa propre manière d'embrasser.[]
*En biologie, le baiser avec échange de salive est pratiqué par de nombreuses espèces animales et trouve sa signification évolutive dans l'exploration du système immunitaire du partenaire sexuel, via le système voméro-nasal, favorisant, selon le biologiste Thierry Lodé la recherche exogamique d'un partenaire et l'évitement de consanguinité[].
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Survol historique de l’Antiquité à nos jours
La bise, ou le baiser, fait partie de ces rituels de salutation que l'être humain a toujours utilisé depuis les débuts de l'Histoire. Même si, selon la culture ou la conjoncture, les rites ont pu changer. On l’appelle aujourd’hui la “bise” mais les Anciens parlaient plutôt de “baiser”, terme équivoque de nos jours, mais qui a le mérite de nous mettre les pieds dans le plat. La bise a ceci d’ambigüe qu’elle recouvre différentes réalités. Le même terme désigne deux choses bien différentes : geste de salutation sans équivoque ou faveur amoureuse.
Le premier baiser sur les lèvres est mentionné dans la littérature indienne environ 1500 av. J.-C. Des textes décrivent des amants qui posent leur bouche l'une contre l'autre, comment un jeune seigneur de la maison lèche souvent la jeune femme ou une pratique qui consiste à se humer avec la bouche. D'autres textes évoquent une ancienne loi hindoue condamnant l'homme qui boit l'eau des lèvres d'une esclave[]. Le Kamasutra recense près d'une trentaine de formes de baisers.
Le récit biblique du baiser de Judas Iscariote à Jésus Christ (lire l'Évangile de Matthieu, ch.26, 47-50) est célèbre.
Dans le Nouveau Testament, Jésus embrasse ses disciples sur la joue avant d'être tué. Ce baiser était pour dire au revoir mais aussi pour les encourager pour l'avenir.
Suspecté d'alimenter la débauche, le baiser de paix sur la bouche est réglementé lors des offices religieux : le Concile de Carthage en 397 l'interdit entre les hommes et les femmes. Le pape Innocent III le réserve à sa propre mule, aux anneaux des évêques et aux reliques des saints. Il l'autorise entre les clercs mais l'interdit entre les fidèles ce qui atteste que le baiser de bouche entre les laïcs est encore pratiqué[].
Pendant l'office, le baiser des fidèles se reporte sur des objets. Ils posent leurs lèvres sur l'autel, les Évangiles ou le crucifix tandis que les pèlerins embrassent les reliques. À partir du XIIIe siècle, se développe un autre substitut, l'oscularium, objet liturgique, tablette ou disque métallique ou en bois, marqué souvent de la Croix du Christ, les fidèles l'embrassant chacun à leur tour[].
L'auteur romain Plutarque nous témoigne que la tradition romaine pour les femmes d'embrasser sur la bouche amis et parents remonterait à une époque après la guerre de Troie (autour du XIIIe siècle av. J.-C.). Des réfugiés troyens auraient échoué sur les terres de la future Rome parce que les femmes, lassées par les conditions de navigations dures et sans fin, mirent feu aux navires. Pour apaiser le courroux de leurs hommes constatant l'irréparable, elles les caressèrent, leur baisèrent la bouche car elles se sentaient coupables[].
Ce sont les Romains qui popularisent cette technique et le diffusent en Europe et en Afrique du Nord. Les Romains ont trois termes pour désigner le baiser : l'osculum (littéralement « petite bouche ») est le baiser lèvres fermées sur la main, la joue, la bouche, que l'on échange entre membres d’une même corporation ou d’un même ordre social (baiser social) et qui se retrouve encore dans le baiser à la russe.
Le basium (« baiser »), terme introduit au temps de Catulle, est le baiser sur la bouche de la tendresse amoureuse qu'on se donne entre époux ou entre membres d’une même famille (baiser familial) ;
Le suavium est le baiser sexuel, érotique, profond qu'on donne à une courtisane[].
“Geste érotique ou affectueux chez les Hébreux, le baiser avait aussi sa place dans les salutations”, explique l’historien Yannick Carré. “Il s’échangeait surtout entre membres d’une même famille, avant ou après une absence prolongée”. “Chez les Perses, le baiser de salutation ne se pratiquait sur la bouche qu’entre personnes de rang égal”, poursuit l’auteur, qui cite Hérodote, le Grec : « Lorsque deux Perses se croisent en chemin, voici par quoi l’on peut reconnaître qu’ils sont du même rang : au lieu de prononcer des formules de politesse, ils s’embrassent sur la bouche ; si l’un d’eux est d’un rang quelque peu inférieur, ils s’embrassent sur les joues ; si l’un d’eux est de naissance très inférieure, il se met à genoux et se prosterne devant l’autre ». Hérodote, l’Enquête.
Éraste et Éromène, coupe attique à figures rouges, Ve siècle av. J.-C., musée du Louvre
Quelques siècles plus tard, au Moyen-Âge, le baiser demeure utilisé dans les salutations, il n’est pas systématique, mais il détient, lorsqu’il a lieu, « une importance sociopolitique considérable. Il avait la valeur d’un contrat ou d’un pacte, » raconte le philosophe Alain Montandon dans Le Baiser sacré. « Pour sceller le serment de fidélité mutuelle entre le seigneur et son vassal, ceux-ci échangeaient un baiser sur la bouche. C’est la raison pour laquelle l’homme du seigneur était désigné comme « l’homme de bouche et de mains ».
Il s’accompagne parfois de gestes ou d’attitudes, incliner la tête ou tout le corps, ôter son chaperon, qui deviendront plus tard l’étiquette. Le baiser se pratique lorsque des personnes unies par des liens d’affection ne se sont pas vues depuis longtemps.
Cet acte est aussi un moment important du contrat vassalique, institution parmi les plus importantes de la société féodale : il scelle un lien indissoluble entre un seigneur et son vassal. "Il rime avec foi, franchise, fidélité, tout comme le baiser de paix, encore plus sacré, que se délivrent à la même époque les chrétiens à la messe", écrit Gérald Cahen.
Mais à l'époque, ce baiser ne se fait qu'entre hommes car il se fait entre égaux. Yannick Carré cite un exemple : "Le moine Hariuf raconte à ce sujet une anecdote exemplaire où Gervin, abbé de Saint Riquier de 1045 à 1071, refuse de donner le baiser de paix à la reine d'Angleterre". Car le baiser de paix est un rite masculin et, malgré le rang élevé de la reine, elle demeure un être mineur car femme.
Un baiser entre deux personnages : détails d'une fresque du XVe siècle de l'une des salles du château Della Manta en Italie.
Signe d'hommage ou de soumission
Au Moyen Âge, les fidèles embrassent les pieds du pape, l'anneau de l'évêque ou la main de leur seigneur. Dans certaines régions, la cérémonie de l'hommage comporte un baiser (osculum). La fonction de garantie du sceau occupe la même fonction que l'osculum-confirmation d'où l'expression « sceller un baiser » par les gens illettrés qui apposaient un seing, souvent des croix autographes, sur des contrats et les baisaient[].
Cette composante rituelle et solennelle s’éteint avec la fin du Moyen-Âge : “A partir de la Renaissance, le baiser va perdre peu à peu sa fonction officielle et sacrée, il devient un geste de tendresse qui touche mais qui n’engage plus”.
Entre personnes de rangs différents, entre parents et amis, on s’embrasse désormais joue à joue, tandis que le baiser sur la bouche, réservé aux amants, prend lui une connotation beaucoup plus érotique. Il ne couronne plus une relation, il l’amorce, il ouvre la fête amoureuse. Yannick Carré, Le baiser. Premières leçons d’amour, Autrement, 1997
À partir du XIVe siècle, la bise recule. La peste fait des ravages et on réprime le corps. Puis le baiser, sous toutes ses formes, va connaître un recul à la fin du Moyen Âge. Plusieurs raisons sont évoquées, l’une d’entre elles étant… l’arrivée des épidémies. De 1347 à 1352, la peste noire qui s’abat sur l’Occident tue 30 à 50 % des Européens en 5 ans, faisant environ 25 millions de victimes. L’hygiène est une discipline qui ne naît qu’au XIXe siècle, siècle où l’on découvre les microbes alors que prévalait jusqu’alors la théorie des miasmes.
Avec l'affirmation de la monarchie et du pouvoir royal, le baiser d'hommage décline. Parallèlement, les poètes de la Renaissance amorcent une mondialisation du baiser en renouvelant la tradition antique de célébrer l'amour sensuel en louant les baisers, tel le poète Ronsard qui les insère dans ses Odes[].
Époque moderne
Le baiser social reste prisé, même s'il connaît un déclin en Angleterre à la suite de la Grande peste de Londres en 1655. Le Siècle des Lumières est pour l'imaginaire de certains le siècle des baisers, qu'il s'agisse du baisemain, du baiser galant, du baiser libertin ou du baiser romantique dans la nature.
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Époque contemporaine
Au XIXe siècle, l'intimité conjugale est confinée à la chambre conjugale, le seul geste érotique public restant le baiser sur la bouche mais il se doit d'être chaste. La mondialisation du baiser est parachevée avec le baiser hollywoodien qui le mythifie comme l'acte fondateur de l'amour.
Le XXe siècle voit la libéralisation du baiser profond en public tandis que la révolution de mai 68 le banalise, lui faisant perdre sa connotation sexuelle[].
Besoin de rituel
“On ne connaît pas dans le monde et depuis le début de l’Histoire de groupe social sans rituel”, explique Dominique Picard, psycho-sociologue, professeure des universités et autrice de Politesse, savoir-vivre et relations sociales (Que sais-je ?, 2019).
« La bise est un geste de salutation important car il marque l’ouverture et/ou la fermeture d’une rencontre ». Dominique Picard
“Et on ne se salue pas seulement pour se souhaiter une bonne journée. Le sens est plus profond”, poursuit Dominique Picard, “la salutation est ce que l’on appelle une reconnaissance identitaire, une façon de dire à quelqu’un qu’il n’est pas un inconnu, qu’il fait partie de notre sphère de connaissance. C’est une reconnaissance dont on a besoin pour se sentir exister aux yeux des autres”.
Or, en cas d’épidémie comme c’est le cas avec le nouveau coronavirus aujourd’hui, la suspension du rituel pose question : "Ne pas faire la bise, ne pas se toucher… C'est troublant", explique Dominique Picard. "Surtout lorsque notre civilisation et nos microcultures reposent sur le contact. On se retrouve désarçonnés. C’est pour cela que même de façon humoristique, on se touche le coude, le pied. Ou bien on ne fait rien mais on se le dit. ‘Ah moi, je ne fais pas la bise’, mais sous-entendu, on se reconnaît quand-même, on fait quand-même partie du même groupe, pas d’inquiétude”.
Ceci dit, les rituels peuvent évoluer : "Il n'y a pas si longtemps, vingt ou trente ans, la bise entre hommes était réservée à une sphère intime, au sein de la famille, et pas avec ses collègues ou amis. Les mœurs et les codes sociaux évoluent".
Dans une vidéo publiée par la BBC sur Facebook, la chaîne britannique a fait la liste des salutations alternatives pratiquées depuis l'épidémie de coronavirus : pieds, coudes et même les fesses en Iran... Tout le corps est mis à contribution !
Rituels géographiques de la bise : étude sérieuse…
[]La bise ne bénéficie pas d'une « règle nationale », ainsi selon les régions et les départements, le nombre de bises ainsi que la joue tendue en premier seront différents[]. Le nombre de bises le plus fréquent est de deux. Il existe néanmoins quelques particularismes régionaux sur cette question. Ainsi, dans la région de Brest, il est de coutume de ne faire qu'une bise. Dans le Massif central, les départements de la Drôme, l'Hérault (partie est), le Gard, la Lozère, l'Ardèche, en Vaucluse, dans la région d'Arles, les Hautes-Alpes et l'Ain, on pratique généralement trois bises. C'est aussi le cas dans le Genevois français, par l'influence de la Suisse romande. C'est dans les départements de l'Aube, de l'Yonne, de la Haute-Marne, ainsi que de la Vendée qu'on pratique le plus de bises en France : quatre en tout.
En ce qui concerne la joue tendue en premier, on commence en règle générale par la joue droite dans le nord, l'ouest et le centre du pays, tandis que l'on commence bien souvent par la joue gauche dans l'extrême-sud-ouest, le sud-est, ainsi que l'extrême-est du pays. Il est à noter que l'on commence également par la joue gauche dans l'ancienne Haute-Normandie, spécificité très locale.
Dans le monde
Au Luxembourg, on pratique généralement 3 bises.
En Belgique francophone, on pratique généralement une seule bise.
Au Québec, où la pratique ne s'est généralisée que depuis quelques décennies, on donne 2 ou parfois 3 bises en commençant par la joue gauche tout en se serrant la main droite.[
En Serbie, le nombre de bises doit être impair. La seule exception est lors des événements tristes, notamment les funérailles, où le nombre de baisers est alors pair.
En Allemagne, la bise n'est pas une coutume. Certains auteurs témoignent qu'on fait parfois, dans certains milieux sociaux restreints, une ou deux bises aux amis ou aux personnes que l'on connait.[
Aux Pays-Bas, on fait trois bises en commençant par la joue droite de la personne.
En Suisse romande, on fait trois bises en commençant par la joue gauche de la personne.
Dans certaines traditions, on s'embrasse sous le gui lors du nouvel An, et quelqu'un qui reçoit des cadeaux peut remercier en faisant la bise.
Et maintenant, juin 2020…
Des effusions chevaleresques à la tournée générale dans l’open space d’aujourd’hui, la bise a fait du chemin. Ce rapide survol historique nous le prouve : si le code social a tenu bon, il a connu des hauts et des bas et il a muté. La crise que nous traversons peut-elle alors à elle seule l’envoyer aux oubliettes ?
Les anti bises ont crié fort au nom de leur liberté. Le corona les a comblés.
Les câlins, les embrassades sont source de bien-être, d’apaisement et auraient un effet bénéfique sur le système immunitaire. De là, à être câlinés par des inconnus, par sympathie comme cela était devenu une mode, il faut trouver un équilibre…
Si le corps est perçu comme une source de "joie, de partage ou de plaisir", l'épidémie pourrait accentuer l'aspect "dangereux" pour autrui, à cause de la transmission des maladies. "Avant la crise actuelle, on déformait sans doute de façon excessive l'aspect positif du corps, ça sera peut-être l'inverse après. C'est toujours une question d'équilibre", reprend Marie-Claire Villeval. Le port du masque a amorcé ces changements. "On sait lire une émotion ou une intention dans le regard, mais le sourire conditionne l'interprétation de la sincérité. Avec le masque, on ne l'a plus. Il va falloir prendre des nouveaux repères."
Pour David Le Breton, la "survie" de la bise dépendra en partie de la durée de la pandémie. La pratique pourrait revenir quand la menace du virus disparaîtra, à la réouverture des cafés et restaurants. "Dans des relations très fortes, amicales ou filiales, elle ne va pas disparaître", anticipe-t-il.
"Il y a plein de gestes qui permettent de montrer qu'on reconnaît une personne. Le sourire, par exemple, en dit davantage qu'une bise conventionnelle où on tend parfois la joue machinalement", continue David Le Breton. "Il implique un petit don de soi que la bise n'avait pas."
En guise de conclusion
Je ne vous ai pas parlé de la symbolique de l’endroit du corps où se pose le bisou.
Ni du vocabulaire régional pour dire « le baiser ».
Ni d’autres sortes de bisous, le baiser esquimau ou papillon. Ni le plus coquin, le baiser à la capucine… Et d’autres encore, trop intimes…
Dans ces temps incertains sur le virus, sa transmission, sur ce qu’on nous commande, nous interdit, je vous laisse le choix à votre convenance, avec la partie du corps que vous voulez, ou rien aussi, c’est possible, pour marquer votre appartenance à l’espèce humaine, si le cœur vous en dit.
Je vous laisse, sourire, caresser, embrasser, saluer, cligner de l’œil, applaudir, faire un pied de nez, tirer la langue, donner un coup de pied, un coup de coude, vous incliner, faire le signe des cornes, lever le poing ou le pouce…
Votre inventivité en trouvera bien d’autres…
En ce qui me concerne, je vous embrasse virtuellement ou je vous serre la main bien cordialement.
Les rencontres au sein de l'association "Chaumont au fil du temps" reprendront après l'AG de septembre si les conditions requises sont réunies et si on a l'autorisation des autorités compétentes à pouvoir les reprendre.
D'ici là, passez un bel été ...
La secrétaire Catherine Loriot